Le récit de sa vie est peut-être le plus beau qu'ait jamais écrit Gabrielle Roy (1909-1983). Vibrant, lumineux et émouvant. Il porte l'empreinte de cette grande écrivaine à la personnalité forte, attachante, sensible, pleine de charme et de vitalité. L'auteure de
Bonheur d'occasion
y retrace ce qu'on pourrait appeler ses années de formation : sa jeunesse dans la petite communauté francophone de Saint-Boniface au Manitoba, son métier d'institutrice, ses longs séjours en Europe, puis son établissement à Montréal.
On tombe sous le charme de ces scènes que l'on croirait arrachées à la vie, tellement Gabrielle Roy excelle à faire revivre le passé comme si elle y était encore, à extraire de chaque instant ce qui le rend unique. Sous sa plume, qui épouse de si près ses émotions, brille son don du regard, cette faculté aiguë de discerner les merveilles et les blessures du monde, son amour des gens simples et de la vie. Composée des deux premiers chapitres d'une œuvre qui en aurait compté quatre si son auteure n'avait été arrêtée par la maladie, l'autobiographie se termine en 1939, au moment où Gabrielle Roy s'apprête à se lancer dans l'écriture. Un peu augmentée depuis par la publication posthume du
Temps qui m'a manqué
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La Détresse et l'Enchantement
est ce genre de livre que l'on quitte à regret, en ayant l'impression de dire au revoir à une amie très chère.
Considérée comme l'un des plus grands écrivains du Canada, Gabrielle Roy a été couverte d'honneurs. Elle a remporté trois fois le prix du Gouverneur général et obtenu le prestigieux prix Femina pour son roman
Bonheur d'occasion
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Marie Labrecque